Westerners Silas
(J-P. Izabelle)
Retour: Les Westerners "le groupe"

   Il y a très longtemps dans une galaxie lointaine… un petit garçon de 5 ans entendait régulièrement à la radio une musique qui s’avèra, par la suite, être "Wedding of the painted dolls" un bon vieux ragtime.
Son papa, saxophoniste à ses heures et son oncle, pianiste, à peu près aux mêmes heures, interprètaient à la maison des morceaux de jazz, de swing ou de variété américaine des années 30 aux fifties.
Plan Marshall aidant, la musique américaine était dans l’air ambiant…
On était en 1953 le WESTERNERS FRENCH CORRAL venait de se créer, Gabe Chen, Jacques Perruche et "Dad" Rinkeberque accueillaient un gamin harmoniciste qu’ils appelaient Texie (René Conjat)

   Puis le ROCK est venu balayer tout ce fatra., enfin presque… parce que ce n’est pas parce que "Tommy Dorsey" n’était plus au gout du jour que la musique traditionnelle n’imprègnait pas celle du KING.
Johny Cash, de qui c’était le guitariste ?
   Un beau jour de printemps de sa 14 ème année, un grand frère se pointe avec un 30 cm des "Weavers".
On avait déjà entendu du Lonnie Donegan, c’était du rockabilly qu’on appelait à l’époque "skiffle", ce britanique interprètait  des morceaux de Woody Guthrie et quelques « trad » d’une manière énervée.
   Mais les Weavers ça sentait bon la prairie, les vieux airs européens délavés mais rafraichis par la traversée de l’Atlantique, essorés par le peuple afro américain mais soigneusement repassés, pour le dimanche, par les colons blancs. Bref du folk, pas de la country, Porter Wagoner, Chet Atkins Tamy Wynette et la toute jeune Dollie Parton sévissaient dans la cour varietoche. Pour moi la Country c’était de la variété…
   La musique de cow boys c’était le folk. J’avais, comme tout le monde entendu "siffler le train" mais j’ignorais qu’on l’avait prise à un jeune chanteur du nom "d’Hugo Frey" (qu’il me pardonne) pour la refiler à une aussi jeune vedette : "Richard Anthony ".
cowboy
Beatnick    Bref, entretemps, je tourne beatnick avec Dylan mais je découvre Pete seeger, CISCO HOUSTON, les "NEW LOST CITY RAMBLERS", en voilà un groupe qu’il était bon et authentique… et HOMER AND THE BARNSTORMERS !
   Imaginez : vous ne connaissez du banjo que le banjo alto joué en rythmique dans les orchestres New Orleans, la mandoline c’est napolitain, quant au banjoline c’est un instrument dont jouent les clowns, les vieilles dames et les Christy Minstrels... Mais du BLUEGRASS vous ne connaissez RIEN !

   Entretemps donc, avec des copains, tout en écoutant les beattles, vous faites de la musique de cowboy…les WESTERNERS, dans une profusion de guitares et banjos altos, jouent à la Mer de Sable qui vient d’ouvrir ses portes on est en 1963.
   Vous de votre côté, avec les "Buffalo saddles", tout en admirant Otis Redding, sur votre 12 cordes, capo au bas du manche, vous essayez d’imiter Bill Monroe (dont vous n’avez jamais entendu parler) !
Buffalos
12_cordes    A 18 ans, la pochette du 30 cm des DILLARDS vous apporte la révélation :
BLUEGRASS ??? c’est pas ce truc que jouent Homer et les Barnstormers ?
5 STRINGS BANJO = comme un banjo alto mais avec cette fameuse 5 ème corde toute fine au dessus des graves et une cheville presque au milieu du manche
MANDOLINE, oui, c’est bien une mandoline : 4 cordes doubles, même taille que la mandoline italiennes mais elle est plate, avec des ouies comme un violon, et cette jolie volute qui orne la caisse et la tête (de la mandoline, pas du mec sur la photo !)
   Là tout s’emballe : on vous parle du HOOTENANNY au Centre Americain animé par Lionel Rocheman, vous y découvrez Steve Waring, Roger Mason, Marcel Dadi, et plein d’autres dont ces salopards de Westerners avec un banjoiste 5 cordes (Vega ou Framus? je sais plus), une mandoline plate (mais sans les ouies et la jolie volute) c’est pas Homer ni Earl Scrugg mais quelle pêche !
     Puis les COUNTRY GENTLEMEN amènent la révolution dans le bluegrass : y jouent façon jazz ou des fois un peu classique, c’est beaucoup moins « roots » mais ça reste authentique, c’est très travaillé au niveau des voix (merci John Duffey, il entend pas siffler le train mais il est à 500 miles de chez lui), du phrasé des instruments.
Vous lisez bien les jeunes : les Country Gentlemen c’était pas du trad. !

   Enfin le film « Bonnie and Clyde » fait découvrir le bluegrass au monde entier (et peut être même la proche banlieue) grace à Foggy Mountain Breakdown de Earl Scrugg.
La chaude voix de Doc Watson et sa guitare vigoureuse vous font découvrir la quasi totalité du répertoire folk, vous avez 20 ans, vous voulez tout apprendre mais y a les études…et mai 68 !

   Vous créez avec Dov un des potes des buffalos, "Tarzan" alias Yves Masset et Yvon (Devas) le terrible sans ses moujiks (oui, oui, on a osé), rencontrés au hootenanny, vous créez les "bluegrass passengers".
Là dessus viennent deux super guitaristes Jean-Claude Druhot et Pierre Bensousan et vous lachez la rampe parce qu’il y a le boulot et votre petite famille à nourrir

   Mais ça vous travaille alors vous cherchez à remonter quelque chose…
En attendant vous avez les nouvelles du front par le "COUNTRY GAZETTE" et vous dégustez  le "COUNTRY COOKING "…
Un soir d’hiver, le pote qui joue de la mandoline de temps en temps avec vous (Daniel, qu’est-ce que tu deviens ?) vous fait faire la connaissance de Jean-Pierre, un banjoiste frailing rencontré à la gare. Celui-ci se met rapidement au violon dans la plus pure tradition (ref : Doc Watson family ou New Lost)
   Un jour on vous jouera "Bonapart’s retreat" ou "muddy roads" mais ne lui demandez jamais "Jonas dans la baleine", c’est réservé aux plans galères.
Débuts chez les westerners    Puis en 73, Yvon vous propose de le rejoindre au sein des Westerners comme contrebassiste…
Pierre Ales et l’incommensurable Tex Bernie quittent le groupe c’est ainsi que vous devenez chanteur en compagnie d’Alain (Giraud) le guitariste. On s’aperçoit que vous connaissez pas mal de chansons alors de temps en temps vous lachez la contrebasse pour devenir chanteur lead.
   En 76, les Westerners enregistrent leur dernier disque chez AFA mais pour vous c’est le premier, vous faites la connaissance d’un dobroiste, lap steel, resophonic …démentiel : Harry Hougassian.
Sous le nom et la houlette de Gabe Chen, le groupe enregistre deux CD de square dances distribués par les disques DOM
   Puis Yvon et Alain vont rejoindre les Desperados.
Entretemps Jean-Pierre (ALINE) et Dov (LEWIN) vous ont rejoint, vous faites appel à Dominique (NAUDIN) pour prendre la contrebasse. On se dit que ça serait sympa de rappeler Jacques (PERRUCHE) aux percus. Le fils de Gabe, Dominique, s’occupe de la sono.
   Les Westerners version 80 enregistrent l’album des chants de la guerre de sessession, vous y prenez une grande part dans la direction artistique car vous exhumez paroles et musiques de vos archives perso mais vous suggérez, avec votre pote Dov, les orchestrations qui permettront de restituer une ambiance militaire.
 
A SUIVRE ...
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